- B.Toussaint: Bonsoir. Bienvenue. Que se passe-t-il en Iran? Après 6 jours de contestation, le monde a les yeux braqués sur ce pays. 21 personnes ont été tuées, dont 16 manifestants, en marge de ces rassemblements qui se propagent dans tout le pays. On compte des centaines d'arrestations. Rien ne semble pouvoir arrêter ce mouvement, qu'on appelle "la révolte des oeufs". C'est contre la hausse des prix que les Iraniens ont commencé à se rebeller. Le régime de Téhéran mené d'une main de fer est-il en train de vaciller? Quel rôle doitjouer la communauté internationale dans cette crise? Se dirige-t-on vers un printemps iranien? T.Coville est économiste et chercheur à l'IRIS. Vous êtes spécialiste de l'Iran. G.Malbrunot, vous êtes grand reporter au Figaro et spécialiste du Moyen-Orient. A.Levallois est maître de conférences à Sciences Po et spécialiste du Moyen-Orient. A.Chelly, vous êtes sociologue. Bonsoir. Merci de participer à cette émission en direct. Nous attendons vos questions comme chaque soir. Pas facile d'avoir des informations précises sur la situation en Iran. Il n'y a pas beaucoup de journalistes sur place. Comment et où ça a commencé? - G.Malbrunot: Ça a commencé dans la ville sainte de Mashhad, dans l'est du pays. Les manifestations ont probablement été alimentées par des opposants à H.Rohani, notamment des partisans du candidat malheureux de la dernière élection. Ils manifestent contre la vie chère et l'augmentation du prix des oeufs, notamment. Les manifestants ont été débordés par des gens plus radicaux, des jeunes, qui n'ont pas connu la monarchie du shah. Ils n'ont pas manifesté en 2009, quand le régime a vraiment vacillé. Ces jeunes n'ont plus rien à perdre, contrairement à d'autres, qui manifestaient auparavant mais qui, aujourd'hui, sont restés prudents parce qu'ils ont vu que c'était interne au système. 6 jours après, on a l'impression que ce mouvement de fronde baisse d'intensité. Ça n'a pas atteint les grands centres urbains. C'est un mouvement provincial. Ça n'a pas été récupéré par les réformateurs, qui conduisaient la révolte Ça a été difficile de se prononcer au début.